Jean-Claude Golvin

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Le port de Narbonne

Le port maritime de Narbonne était loin de la cité et, pour s’y rendre, il fallait une voiture, que Sextus Fadius avait naturellement prévue. Elle attendait à la porte du forum. L’Aude, en effet, n’était plus suffisante, aujourd’hui, pour acheminer toutes les marchandises jusqu’en pleine ville et il fallait aller jusqu’à son embouchure, dans les étangs de la lagune, pour trouver les principaux débarcadères, les zones de stockage, les multiples services administratifs où l’on pourrait se renseigner. Le riche Musa y avait d’ailleurs une villa au bord de lamer, pourvue d’un vivier devenu célèbre car notre homme avait installé là sa salle à manger, son triclinium comme on disait alors, et il pouvait déjeuner avec ses invités tout en admirant les arabesques des poissons multicolores et des murènes. Il n’y avait quand même pas que les affaires et la politique, il fallait aussi savoir profiter de la vie, quand on en avait les moyens ! La voiture descendit le cours de l’Aude et,

à la sortie de la ville, elle emprunta la voie qui suivait la rivière et servait à la canaliser. De petits bateaux remontaient jusqu’au cœur de la cité, où l’on pouvait stocker dans les entrepôts urbains ce qui était nécessaire à la consommation de la population locale. Quelques milles plus loin, dans la zone qu’on appelle aujourd’hui Mandirac Castelou, on arrivait au débarcadère. Des navires de haute mer, amarrés à quai, y chargeaient et déchargeaient toutes sortes de marchandises, et l’on voyait des foules de dockers portant des sacs sur leur dos. Une fois arrivés à l’extrémité du chenal, les trois hommes descendirent de voiture pour prendre place dans un rapide bateau à rames qui les conduisit en moins

d’une heure dans une île située à l’entrée du port (c’est aujourd’hui l’île Saint-Martin), qu’on voyait de loin car il était balisé par un phare. C’est là que se trouvait la capitainerie et qu’on enregistrait les mouvements des bateaux ; c’est là aussi que la douane percevait ses droits. Le fisc impérial prélevait en effet un quarantième, soit 2,5 %, de la valeur des marchandises qui entraient en Gaule, même si elles venaient d’une autre province de l’Empire, une taxe relativement légère mais qui exigeait des paperasses, l’apposition de tampons, de scellés. L’administration, vous savez comment c’est…. Seules les denrées destinées au ravitaillement des soldats en étaient exemptées, ainsi —cela va sans dire— que celles appartenant à l’Empereur.

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