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L’arrivée à Orange
La route qu’on suivait était bordée de tombeaux divers, certains gigantesques en forme de tours tantôt circulaires, tantôt carrées, d’autres plus modestes, de simples stèles ornées d’une inscription commémorative célébrant le défunt, au milieu d’un petit enclos.
Il y avait aussi, pour les plus pauvres, une urne toute simple qui contenait les cendres, avec un écriteau de bois. En arrivant aux portes de la ville, nos voyageurs virent d’ailleurs s’approcher un cortège funèbre, un char richement orné tiré par des chevaux que suivait la foule des parents et alliés. Le défunt était allongé sur un lit de bois doré, incrusté d’ivoire, porté par le char. Au-dessus bringuebalait un baldaquin orné de guirlandes. C’était assurément un homme fort riche que l’on conduisait à sa dernière demeure ; mais il fallait d’abord brûler sa dépouille sur un bûcher ; les assistants pourraient y jeter des fleurs, répandre du vin ou des mets, bref accomplir les gestes rituels qui permettaient d’accompagner le mort dans son passage vers l’au-delà. Puis on recueillerait les cendres dans une urne et on irait la déposer dans le tombeau que le défunt avait fait construire de son vivant, pour lui et sa famille, au sein d’un petit parc ombragé situé dans sa propriété, à l’extérieur de la ville.
La voiture de nos voyageurs passa alors sous l’arc de triomphe magnifique qui marque l’entrée de l’agglomération, au nord. C’est là que le divin empereur Tibère, au début du premier siècle de notre ère, avait édifié ce monument grandiose, l’un des plus imposants du monde, richement décoré de scènes de bataille qui commémoraient la victoire de Rome sur les barbares d’Occident.
Ce n’était pourtant pas un grand centre économique que cette ville d’Orange, malgré son statut prestigieux de « colonie », dont les habitants étaient « citoyens », au même titre que les Romains de Rome. Rien à voir avec les ploucs de la Gaule du Nord, ceux de Lutèce, par exemple ! Le centre public était d’ailleurs splendide, avec son théâtre qui pouvait accueillir 9000 spectateurs, au moins. Mais Dionysios et Bellicianus n’avaient pas le temps de faire du tourisme, ils allèrent directement à l’auberge afin de repartir tôt pour Arles, le lendemain matin.